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Mes dissert', écrits d'invention et autres...
8 mars 2008

Objet d'étude : La Poèsie.

Corpus :

Texte A - Aloysius Bertrand, "La ronde sous la cloche", Gaspard de la Nuit, III-6, 1842.

Texte B - Arthur Rimbaud, "Les Ponts", Illuminations, 1886.

Texte C - Arthur Rimbaud, "Aube", Illuminations, 1886.

Texte D - Henri Michaux, "La Jetée", (La Nuit remue, 1930, repris dans Mes Propriétés, L'Espace du dedans, 1935).

Texte E - Francis Ponge, "Le pain", Le Parti pris des choses, 1942.

Question transversale :

Comment justifiez-vous que ces textes appartiennent à la poésie ? Montrez qu'ils sont tous construits selon une progression comparables.

Ma réponse à la question :

La poésie est un genre littéraire qui date de l’Antiquité, et qui a existé sous différentes formes, mais on particulier, c’était un genre chanté, tout au moins récité. C’est pourquoi, il existait des rimes, des strophes et un certain rythme, qui aidaient à la mémorisation du texte.

            Dans les différents textes du corpus, il est possible de souligner une rythmique similaire dans chacun des textes. En effet, chaque écrivain ici choisi joue avec la longueur des phrases, il existe alors un lien entre les mots et la rythmique.

Le texte A, « La ronde sous la cloche », Gaspard de la Nuit , D’Aloysius Bertrand par exemple présente un texte de construction lente quand le mot « processionnellement » est employé, puis de construction plus rapide quand les évènements s’accélèrent. Des rythmes qui se retrouvent dans les autres textes du corpus .

            D’autre part, il existe dans chacun de ces textes des rimes intérieures qui appuient le rythme plus ou moins cadencé des diverses séquences. Les assonances en –an, -é, dans le texte D d’Henri Michaux : « ruban » « mouillant » « Quant » « grelottant » « comment » ; « glaçait » « dernier » « débris » « poussait ». L’effet provoqué est une sorte de languissement, un état second presque, dans lequel est plongé l’homme malade.

Il en est de même pour le texte B, « Les ponts » de Rimbaud qui adopte un rythme allegretto en faisant rimer un mot deux ou trois : « descendant ou obliquant » « éclairés du canal, mais » « s’abaissent et s’amoindrissent » « anéantit cette comédie ».

            Ainsi, il est possible de qualifier ces textes d’écrits poétiques, par le rythme spécifique que les auteurs proposent.

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Sujet de la dissert' :

Dans "Les Ponts" (texte B), Arthur Rimbaud met un terme à sa vision par cette phrase : "-Un rayon blanc, tombant du haut du ciel, anéantit cette comédie".

En vous appuyant sur les textes du corpus , et les poèmes que vous avez lus ou étudiés en classe, vous vous demanderez si la poésie nous éloigne du réel ou nous fait mieux percevoir la réalité.

Ma réponse :

La poésie est un genre littéraire qui existe sous diverses formes. Une de ses formes la plus ancienne est la ballade, associée à l’ode et au sonnet, ces trois formes sont à l’origine chantées, comme d’ailleurs l’indique le nom « sonnet ». La lyre, instrument de l’Antiquité, était l’instrument de prédilection des poètes grecs, c’est pourquoi, aujourd’hui le terme de « poésie » est associée très souvent, dans nombre d’esprit au registre lyrique, qui met en jeu les grands sentiments, les passions.

Or, certes la poésie appartient parfois au registre lyrique, néanmoins, il existe d’autres aspects dans un texte poétique, tel l’engagement de l’auteur.

C’est pourquoi nous étudierons ce genre littéraire sous deux aspects différents. La poésie propose-t-elle simplement une vision qui tend à nous éloigner du réel, u participe-t-elle à nous rapprocher de cette réalité ?

            Nous développerons notre démonstration en trois parties. Une première dans laquelle nous tâcherons de mettre les exemples probants d’une vision plus fantastique que réelle, une seconde dans laquelle nous montrerons de quelle manière ce genre nous met sur la voie de la réalité. Puis nous tenterons d’émettre notre avis dans une troisième et dernière partie.

L’écrivain peut utiliser la poésie comme un échappatoire, un moyen de rêver, de s’évader, ou tout simplement comme un outil lui permettant de mettre ses idées, son intérieur sur papier. Mais dans ces cas-là, ses mots ne seront pas forcément proches de la réalité, et ceci sera peut-être l’effet recherché.

            Dans le texte D, d’Henri Michaux, « La Jetée », Mes Propriétés, L’espace Du Dedans  , l’homme présenté est souffrant, on ne sait pas de quoi il est la victime, mais on apprend qu’il est fiévreux. La fièvre, comme l’ivresse, est un facteur favorable aux illusions, à la trop grande imagination. C’est pourquoi ce texte poétique basé sur le jeu sur la longueur des phrases, nous laissent des doutes quand à la véracité des dires du personnage. Il est seul, il n’y a donc aucun témoin, et de plus, lorsque le seul témoin qui aurait pu attester de cette réalité, un étrange vieillard, est entraîné  dans l’eau avec toutes ses richesses, le malade ne dit mot, et ne fait rien pour, éventuellement, sauver cet homme. C’est à partir de ce moment, qu’on semble prendre conscience de l’absurdité de la situation : qui nous semble alors irréelle. Certes, « il sortit des richesses en abondance » est déjà placé à la limite du fantastique, mais après tout pourquoi pas. Un jeune homme avide de sauvegarder ses trésors est venu les cacher là, et maintenant, dans la force de l’âge, il vient tranquillement les repêcher. Ce texte poétique mélange réel et rêve, on ne fait plus la distinction entre les deux, ce qui est caractéristique du registre fantastique. Ici donc, le flou occasionné par ce registre nous place bien loin de la réalité qu’on n’arrive plus à sortir du lot.

            Il en est de même pour le texte C d’Arthur Rimbaud, « Aube », Illuminations, dans lequel le pronom personnel utilisé est « je », ce qui au lieu de simplifier la question du narrateur, la complique, car l’impression est que Rimbaud parle, cependant, la première phrase de l’extrait nous met tout de suite dans le doute « J’ai embrassé l’aube d’été ». Est-ce qu’on a déjà vu quelqu’un « embrasser » un coucher ou un lever de soleil, ou même le ciel ? Il semble que non, dès lors, on ne sait plus où l’on se trouve et de quoi il parle. Est-ce un homme ordinaire, un nuage ? Est-ce une métaphore ou bien est-ce un sens propre ? Son langage est celui de la comparaison, de la personnification « l’eau est morte ». Il joue avant tout avec les images.

Le texte comporte tellement de marques de subjectivité que notre vision s’en trouve brouillée. Le discours que tient ici Rimbaud est rempli de figure de style, ceci engage que derrière chaque mot est dissimulé une autre signification. C’est comme si un rideau de sentiments se plaçait entre nous, lecteur, et la vision de Rimbaud ? En ce sens, la poésie n’a pratiquement plus aucun lien avec la réalité vécue. C’est l’imaginaire du poète plus ce qu’il a observé qui ressort ici.

            Mais parfois, cet éloignement de la réalité se traduit par une idéalisation de l’objet concerné. Par exemple, un des thème de tous les temps : l’Amour, la grande passion que tout le monde recherche. L’amour fraternel, paternel, maternel, ou de sa patrie, de son pays natal. Léopold Sédar Senghor, qui dans Chants d’ombre, Femme Noire, exalte sa terre africaine en est un bon exemple. En effet, le champ lexical de la  divinité qu’il utilise magnifie sa « terre-mère », elle est élevée au rang de déesse, à tout jamais « [dessinée] dans l’Eternel ». Les sentiments d’amour du poète sont mis avant toute horizon de réalité. Et son message est seulement celui de l’attachement qu’il porte à son pays, il n’essaye ici en aucun cas de nous montrer combien il a raison, et ce qu’il dit est réel : cette passion lui appartient, c’est tout.

            La poésie est donc un genre littéraire dans lequel l’auteur affiche une certaine vision du monde et de la réalité quelque peu déformée en grande partie par les sentiments de ce dernier qui ressortent.

                        Le poète qui cherche à défendre une cause, ou à relater des faits historiques ou de sa vie quotidienne, personnelle peut être amené à se servir de la poésie, en utilisant un vocabulaire sensé, ou bien en faisant appel à nos sentiments.

D’ailleurs, le texte A du corpus, en est un bon exemple. L’auteur, Aloysius Bertrand, nous montre la puissance d’un orage, on ressent sa violence dans le texte. Effectivement, il joue sur le rythme avec la longueur de ses phrases et on peut associer ce rythme aux battements de cœur de l’individu qui parle : au début, il se trouve dans son lit, son rythme cardiaque est lent, il se prépare à dormir, la nuit est calme. Puis le vent brusquement se lève, la fenêtre claque, une corde de son instrument se brise, son cœur bat alors plus vite, puis ralentit, s’habituant à la situation de rage et de tourment qui règne dehors.  Puis l’accélération du cœur provoqué par une rude surprise, la fenêtre s’ouvre entièrement et le vent jette sur le personnage une fleur de son jardin, puis décélère d’un seul coup. De plus, les mots utilisés par Aloysius Bertrand sont des mots simple, usités et donc sans sous-entendus : la lecture en est facilitée. La poésie et son rythme constamment en changement et le vocabulaire permet à l’écrivain de nous faire vivre les sensations à travers le texte, et ainsi nous faire mieux saisir la réalité d’un évènement.

La poésie engagée permet aussi de nous rapprocher d’une réalité souvent critiquée. Paul Valet, précurseur du poème « coup de poing » dont la brièveté, la force et l’amertume traduisent l’indignation, dans Extermination, Sans Muselière, en 1949 après la Deuxième Guerre Mondiale, montre l’horreur de cette guerre, en menant nos sentiments de pitié, voire de culpabilité pour certains, à leur paroxysme. En particulier, il utilise l’opposition « pleurer », « rire » ; « ouvrir notre terreur », « fermé nos visage » ; et finit son poème sans jamais cité explicitement le sujet de son discours, hormis le mot « poison ». Les derniers mots frappent et mettent en valeur l’absurdité, la barbarie et les cnséquences tragiques de la guerre : « Pour être ensemble malgré tout// Pour être ensemble jusqu’au bout ». Ainsi, par le sentiments, l’auteur peut nous amener à une perception plus proche du réel.

Le genre littéraire poétique est aussi un outil de persuasion, et d’aide à la conception plus voisine d’un fait existant ceci par les sentiments, ou par un vocabulaire logique et facilement compréhensible.

            La poésie est en effet un instrument largement utilisé peindre de grands sentiments, mais aussi pour défendre une cause, ou relater un fait. Et il est vrai que dans beaucoup d’esprits, l’Amour est l’Inspiration du poète, même débutant, et pourtant, ce n’est pas là sa seule portée.

Par exemple, Louise Labé, dans ses Elégies et Sonnets, VII « Je vis, je meurs… » décrit cet emportement violent, contradictoire qu’est l’Amour, qui d’ailleurs « inconstamment [la] mène ». Pour certains, ce poème décrivant l’Amour peut être vu comme déplacé, loin de la réalité, car l’Amour n’est pas pour tous un perpétuel aller-retour entre bonheur et malheur.

Ainsi, pour l’écrivain, le poème écrit est réaliste et rejoint la réalité mise en avant, mais ce n’est pas le cas pour la totalité de ses lecteurs.

Le texte E du corpus, extrait de « Le Pain », Le Parti pris des choses de Francis Ponge se veut de peindre l’aliment de base qu’est le pain. L’auteur, pour présenter à quel point il est important dans notre quotidien, le décrit comme un objet merveilleux à contempler, à respecter. Il le compare à des montagnes afin mettre sous nos yeux ses formes si anodines qu’il possède.

L’association, par la suite, du pain et de sa mie à des fleurs, nous éloigne de ce qu’est réellement le pain : un simple amalgame d’ingrédients. Cependant, par cette subjectivité presque exagérée, Ponge nous amène plus fortement à sa conclusion : « le pain [est] dans notre bouche moins objet de respect que de consommation ». La dérivée qu’il nous a fait subir est un moyen efficace pour nous montrer le pain tel qu’il est vraiment, un aliment, produit d’une société de consommation. Alors que nous devrions le voir comme un objet primordial, nous ne le voyions que comme un aliment habituel et insignifiant.

            Ronsard se sert aussi de l’imaginaire pour mieux nous attirer vers le réel et vers son message. En particulier dans ces sonnets pour Hélène, il esquisse un tableau pessimiste de ce qu’il prédit que sera la vie d’Hélène si elle ne s’abandonne pas à lui, le poète célèbre. Par ce procédé, il amène Hélène à se rendre compte de sa position de femme jeune et jolie. Ronsard lui permet ainsi d’entrevoir mieux la réalité. Et puis, il fait de la sorte passer son message épicurien : vivre à fond sa vie, tant qu’on le peut.

            Il apparaît donc que la poésie, certes nous éloigne de la réalité, puisque son genre même est basé sur la subjectivité, toutefois, elle nous amène aussi à découvrir des réalités qu’on ne peut ou que l’auteur ne veut dévoiler explicitement. La poésie nous détourne du réel, afin d’ouvrir nos esprits  et de mieux nous accompagner vers la réalité : elle nous apprend à prendre du recul par rapport aux incidents qui nous touchent. Mais encore faut-il ajouter que cette vision de la poésie dépend entièrement de la sensibilité du lecteur, de son raisonnement, et de son vécu.

Au terme de la réflexion, il nous est possible de voir combien la poésie, sous des aspects de simplicité et d’unicité est en réalité complexe.

En effet, ce genre littéraire, comme le connote son nom peut être synonyme de description du rêve, de passions, est ainsi cacher le réel, afin de distraire le lecteur. Toutefois, certains de ces textes relèvent plus de l’écriture engagée et relatant de faits réels, que d’une écriture onirique et loin de la réalité.

            Ainsi, la poésie ne peut être classées définitivement dans une de deux « cases » proposées : proche ou loin du réel. C’est un genre plus large, et plus complexe, qui ne peut s’inscrire uniquement dans deux catégories. Il est donc possible d’affirmer que la poésie est un type d’écriture qui permet à l’auteur de laisser aller son imagination, parfois simplement pour nous faire rêver, nous distraire, et d’autre fois pour nous aider à prendre un certain recul afin de nous approcher plus sûrement de la réalité.

            La question que l’on pourrait alors se poser serait plutôt : où se trouve la limite entre poésie engagée et pamphlet, essais, ou autres écrits polémiques ? Car si aujourd’hui la poésie moderne bannit les vers, rimes et divers codes anciens de la poésie, qu’est-ce qui différenciera textes poétiques engagés, et textes narratifs engagés ?

Autres sujets :

¤ Ecriture d'invention. Vous rédigerez un article pour un magasine littéraire : vous vous opposez  à l'idée que la poésie doit chanter de grands sentiments ou la belle nature. Vous soutenez que le pain et les ponts peuvent être des objets poétiques.

¤ Commentaire. Vous commenterez le texte d'Henri Michaux "La Jetée" (Texte D).

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